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Photo du rédacteurGaël Cavolino

A la découverte d'un nouvel envahisseur : le crabe bleu

Tout commence à Port St Louis du Rhône début Août 2019 lorsque nous trouvons par hasard ce crabe dans 1m d’eau au bord d’une plage à l’embouchure du Rhône. Notre première impression est partagée entre émerveillement et curiosité. Nous ne connaissons pas du tout cette variété de crabe. Alors nous tentons de capturer celui-ci afin de pouvoir l’observer et effectuer des recherches. De quel spécimen s’agit-il ? Sa capture fut difficile, ce crabe est habile et agressif.

Grâce aux opercules situées sur ses pattes arrières, ce crabe se déplace très rapidement, il ne nage pas il « vole » dans l’eau ! Lorsqu’il fut cerné, il nous a été compliqué de le saisir, en effet,

sa carapace est une véritable armure ! Il est doté de deux grandes « aiguilles » latérales et détient un grand nombre de « dents » sur l’avant. Il n’a pas hésité à nous faire face, venant à notre encontre ses deux grandes pinces orientées vers le haut cherchant à nous saisir à maintes reprises.



Une fois capturée et nos recherches effectuées, nous apprenons qu’il s’agit d’une espèce appelée : « Crabe bleu » provenant des côtes Atlantique Ouest Américaines (du Canada jusqu’en Argentine). Le spécimen que nous avons capturé est une femelle (visible de par la coloration rouge de ses pinces) ; elle était pleine d’oeufs. Il est aussi apparu que le Parc Naturel Marin du Golfe de Lion étudie avec attention ce nouvel « envahisseur » et a communiqué un signal d’Alerte dans un article de Presse.



Nous nous mettons donc en relation avec le Parc Naturel Marin du Golfe du Lion et échangeons avec Mr Thierry Auga-Bascou. Celui-ci n’est pas surpris de notre découverte et nous fait part de son étude sur le sujet depuis 2017. En effet, ce crabe déjà visible à Port Leucate est particulièrement invasif, et son impact sur le milieu Marin peut être très important. Il nous est conseillé de ne pas relâcher notre spécimen (car pleine) et si nous le souhaitons, de goûter les prochains que nous pourrions capturer ; leur chair est très bonne, notamment celle des mâles.


Ce crabe est déjà présent sur les côtes espagnoles et en Tunisie dans le Golfe de GABES depuis 2015 ou les pêcheurs ont surnommé ce redoutable prédateur marin "Daech", en référence à l'acronyme arabe du groupe Etat islamique. Ce crabe a rapidement proliféré, ayant trouvé sur ce littoral un environnement favorable et une nourriture abondante - seiches, crevettes ou poissons fins. La voracité de cette espèce invasive a exacerbé les difficultés économiques de bien des pêcheurs. Ces crabes, qui étaient vu comme une ressource supplémentaire au début par les pêcheurs, sont rapidement devenus une « malédiction ». Ils dévorent les bons poissons, daurades, loups, rougets et cisaillent les filets. De plus, le Crabe Bleu est très robuste et a la faculté de s’adapter à plusieurs types d’environnements marins : eau salée, saumâtre ou eau douce, rien ne le dérange. Nous avons conservé vivant une femelle pendant 8 jours à l’air libre sans que celle-ci ne présente aucun signe de faiblesse. De plus, ces crabes se mutilent entre eux, une des femelles capturée par la suite avait tué deux mâles présents dans leur caisse, en leur coupant leurs pinces et leurs pattes.




Alertés par ces faits alarmants, nous décidons d’apporter notre soutien aux recherches établies par les Techniciens de l’environnement. Nous échangeons avec un grand nombre de nos pêcheurs locaux sur les conséquences futures sur notre écosystème si cette espèce venait à proliférer et prospérer ici. Ceux-ci n’hésitent pas à coopérer avec nous et nous permettent de récolter plus d’informations, comme l’évolution du nombre de captures ainsi que leurs géolocalisations. Le but étant de transmettre ces éléments aux personnes en charge d’étudier ce crabe.


Nous tenons à remercier tout particulièrement Mr Grach Morgan, Mr Campani Christopher et Amarouche Khaled ainsi que Mr Manias Yves pour leur précieuse aide.



Voici un spécimen mâle (pinces bleus) : au deuxième plan sur la photo de gauche et au premier plan sur la photo de droite.

La Femelle (pinces rouge) est généralement moins grosse. Mais reste le spécimen le plus AGRESSIF !


De cette aide, nous observons une hausse du nombre de captures recensées puisque nous comptabilisions quelques prises pour le mois de Septembre (2 à 3 crabes par filet) contre une plus grande quantité en Octobre (une quinzaine par filet). De plus, nous notons la présence abondante de ces Crabes Bleus dans des eaux peu profondes (2 à 3 mètres) ainsi qu’une répartition de plus en plus étendue sur notre littoral. Nous observons aujourd’hui cette espèce de crabe partout chez nous. De la plage de Piemenson, en passant par l’embouchure du Rhône, le long de la plage Napoléon jusqu’à la pointe de la Gracieuse et dans le golfe de Carteau.


A la demande de Mr Thierry Pastor, scientifique à l’université de Montpellier, nous avons conservé quelques spécimens, Mâles et Femelles, que nous avons transmis à Mademoiselle Célia Grillas Technicienne de l’environnement au Parc Naturel Régional de Camargue. Ils seront analysés et un retour nous sera communiqué.


Melle Grillas Célia Mr Cavolino. Gaël

Parc Naturel Régional de Camargue. Président du Port St Louis Fishing Club

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